[CollectifCampsColos] Lettre ouverte sur le fonds d'aide colos et les enjeux à venir

Vitacolo est membre du Collectif Camps Colos depuis 2018. Aujourd’hui nous vous partageons cette lettre ouverte adressée au Premier Ministre, au Ministre de l’éducation nationale

Sur le fonds d’aide d’urgence pour les organisateurs de colos et de classe de découverte

#SauvonsLesColos
Vitacolo est membre du Collectif Camps Colos depuis 2018. Aujourd’hui nous vous partageons cette lettre ouverte adressée au Premier Ministre, au Ministre de l’éducation nationale :
“À la fin de l’année 2020, l’État a mis en place un fonds d’aide d’urgence pour les organisateurs de colos et de classes de découverte. Ce fonds d’aide est porté par le FONJEP - Fonds de coopération de la Jeunesse et de l’Éducation Populaire.
Le Collectif Camps Colos voit cette création d’un bon œil, même si, très rapidement, il a regretté que seuls les organisateurs, gestionnaires de centres, riches d’au moins deux salariés et ayant fait des colos en 2020 pouvaient prétendre à ce fonds. De tels critères excluent, de fait, une part importante des acteurs du champ des colos : les petits, les bénévoles et ceux (parfois petits et bénévoles) qui n’ont pas pu ou pas voulu organiser de séjour en 2020.
Si on comprend qu’avoir un salarié est aujourd’hui une condition nécessaire pour faire porter le fonds d’aide par le FONJEP, le chiffre de deux semble hors sol, exclusif et excluant. De même, si mettre en place un fonds d’aide via le FONJEP a semblé plus pratique, ce choix exclut de fait les associations bénévoles, associations qui sont nombreuses, dont plusieurs sont représentées dans le Collectif Camps Colos, et qui développent des activités auprès de publics en situation particulière : pauvreté, migration, exclusion, handicap ou tout simplement actions de proximité dans des territoires ruraux ou de banlieue. Parce que les colos c’est, avant tout, une action éducative, sanitaire, sociale ou ludique non permanente, les acteurs des colos sont volontaires ou bénévoles. Mettre le salariat au centre du dispositif d’aide reste une erreur.Depuis le début de la crise sanitaire (c’est-à-dire depuis mars 2020), le Collectif Camps Colos demande à l’État un fonds d’aide spécial pour les colos. Le Collectif avait proposé de créer un fonds spécial et pérenne alimenté par une taxe sur des acteurs économiques des colos (industrie agroalimentaire, transporteur, industrie touristique, etc.), une taxe sur les colos elles-mêmes, des dons (des collectivités ou privés) et l’État. Ce fonds aurait pu être mis en œuvre dès cet été et se trouver, ainsi, déjà alimenté. La gouvernance du fonds serait paritaire entre organisateurs, États et donateurs. Un tel fonds aurait sans doute évité d’exclure les acteurs bénévoles, pourtant si nécessaires à la cohésion des territoires. L’occasion est ratée, il est encore temps de bien faire…
De manière urgente, nous demandons que le fonds soit ouvert aux associations qui ont ou ont eu un salarié (même à temps partiel ou saisonnier) en 2019 ou 2020, et qu’une consultation soit rapidement menée avec l’ensemble des acteurs du champ (Collectif Camps Colos inclus) pour trouver des solutions pour les associations entièrement bénévoles. Le reliquat actuel du fonds d’aide aux colos est suffisamment important pour aider tout le monde et montre que les critères actuels sont inadaptés (2,5 millions ont été distribués pour un peu plus de 500 associations, sur les 15 prévus).
Le Collectif Camps Colos remarque que près d’un an après le début de la crise sanitaire, le champ des colos est encore en train de réfléchir à des fonds d’aide d’urgence alors que le champ est en crise depuis plus de 10 ans. Ni les colos apprenantes, ni le fonds d’aide, ne répondent aux enjeux de mixité, de solidarité, d’accès aux vacances. Les colos apprenantes n’ont permis le départ de 70 000 enfants environ (objectif : 250 000), avec une stratégie de labellisation nébuleuse, voire contre-productive, ressortie des tiroirs. Il faut ajouter que cette labellisation s’est faite dans des conditions particulièrement délicates pour les agents de Jeunesse et Sports, ceux-ci étant en pleine fusionabsorption de leurs activités par l’Éducation Nationale. On notera sur ces vacances apprenantes, que faire de l’école dans les colos contre une prise en charge financière est tout à fait stigmatisant et pour le moins maladroit. Les organisateurs qui s’y sont engagés avec force feront un bilan plutôt positif sur quelques détails, ceux qui l’ont refusé diront toujours qu’il s’agit d’une instrumentalisation de leur activité, les pragmatiques y ont vu l’argent dans une année en tout point complexe. Ainsi, les bilans qui en sont faits par les organisateurs bénéficiaires révèlent-ils simplement d’une belle opportunité ou d’une solution collective bonne pour l’ensemble des colos et les enfants ? Bref les « colos apprenantes » sont une mauvaise idée, une erreur, mais montrent qu’avec un peu de volonté politique, il est possible de (re)faire des colos un objet de politiques publiques, de débloquer 200 millions d’€. Et de cela nous nous en félicitons.
Le Collectif Camps Colos réaffirme qu’il est disponible pour travailler sur des solutions pour l’avenir des colos. Au sein même du collectif, les organisateurs ont innové et inventé des formes singulières cet été. De ces expériences, nous pouvons apporter des idées et des solutions possibles.
Le Collectif Camps Colos a aussi fortement interpellé sur la question du patrimoine. Là encore aucune réponse, invitation, solution, ni même proposition. Nous voyons, alors, des bâtiments, spacieux et situés dans des endroits agréables, inscrits dans les mémoires d’anciens colons, se vendre, se dégrader ou se vider. Nous savons qu’il est encore temps pour agir et protéger ce patrimoine collectif et pédagogique.Malgré nos nombreuses sollicitations, nos différentes rencontres en mars et en avril, le gouvernement a fait le choix ensuite de ne consulter que quelques acteurs représentatifs d’une partie du champ des colos, souvent les plus gros, parfois les plus forts économiquement, davantage défenseurs d’un modèle plus touristique que ludique ou éducatif, mais jamais le Collectif Camps Colo. Nous demandons à être reçus, écoutés et à être partie prenante des travaux qui vont avoir lieu en 2021, en premier lieu sur ce fonds d’aide d’urgence.Les colos restent fragiles. Comme pour l’ensemble des associations, 2021 est une année périlleuse : beaucoup d’associations ne se relèveront pas.
Grâce à ses membres : associations, chercheurs, pédagogues, praticiens ou militants, le Collectif Camps Colos poursuit son travail de modernisation des colos en développant des formes innovantes de colos, des pédagogies nouvelles, dans l’idée que les colos sont un outil de politiques publiques fort, permettant de construire une société du care, une société qui prend soin des enfants, des vulnérables, des fragiles et de la Terre.“

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