Quoi de plus simplifiant que de dégraisser en réduisant le secteur, par la valorisation d’un modèle entreprise, très loin de l’histoire des colonies. Coup de sang de Vitacolo…
On le voit depuis quelques années, le monde des colonies de vacances se privatise. Les nouvelles réglementations, les baisses des aides et les nouvelles contraintes de rénovation des batîments (notamment sur les enjeux environnementaux, sécurité incendie et accès handicap) ont fait fuir les communes car non soutenues financièrement pour le faire. Les comités d’entreprises vendent leurs centres et réduisent leurs propositions internes, faisant une délégation du service aux acteurs privés (association et entreprises) des colonies de vacances. L’Etat souhaite comprendre comment fonctionne l’éducation populaire et notamment l’univers “colos” et “camps”. Quoi de plus simplifiant que de dégraisser en réduisant le secteur, par la valorisation d’un modèle entreprise, très loin de l’histoire des colonies. Coup de sang de Vitacolo…
Maintenir un sens aux colonies de vacances
Les colonies de vacances avait une ambition très claire après guerre : renforcer les enfants par la nourriture et l’expérience du collectif. Ainsi l’Etat avait fait le choix de soutenir une démarche locale pour rendre les jeunes épanouis et heureux. L’éducation populaire a nourrit l’ambition de former des citoyens du monde de demain, afin de ne plus jamais voir ce que les guerres nous ont apportés de pires dans l’hummanité.
Les années passent et la paix (c’est un grand mot) s’installe en France. Aussi les soutiens de l’Etat vont descresendo car les premières ambitions ont bien bougé sur le monde de colos. Les années 2000 apportent le faux? besoin des économies et après l’école, les transports, les services publics…le monde associatif et les colonies de vacances.
L’Etat a donc décidé de ne plus soutenir financièrement ses communes et autres CE qui faisaient partir des millions d’enfants. En moins de 20 ans on passe de 4 millions d’enfants en 2000 à 1 million en 2018, pour une population croissante.
Nous nous battons avec d’autres associations (EvaSoleil, MRJC, La Bétapi, Maison de Courcelles, SGDF, etc.) pour que l’Etat comprennent que les colonies sont aujourd’hui un des derniers lieux de mixités sociales en France. Que cette force maintien dans notre jeunesse une ouverture d’esprit, une culture du vivre ensemble.
En ouvrant le marché à des entreprises-asso-fondations, l’Etat ne répond pas à cet appel. Car ces structures vont se baser sur l’offre et la demande. Le risque est que demain, les colonies de vacances ne servent qu’une niche sociale avec des colos pour les riches et des colos pour les pauvres (tant que la CAF est là). Les classes moyennes n’auront plus rien.
Si l’Etat prenait acte du sens de ses colos, alors il valoriserait ses organismes qui se battent chaque jour pour faire un monde meilleur, et non pas pour développer un nouvel espace de consommation.
L’éducation et la culture ne sont pas des secteurs marchands comme les autres
Il faut prendre conscience que nous devons assumer notre volonté militante de changer le monde et de former une jeunesse libérée, enthousiaste et ambitieuse du vivre ensemble.
Il y a quelques jours, un gros organisme de séjours sportif à fait une conférence sur les “assos de demain”. Le vrai-faux lapsus de citer le mot “entreprise” est arrivé très souvent. Et à Vitacolo cela ne nous étonne pas. Cela fait des annés qu’on nous conseille de se moquer des types de structures pour se développer. Mais non! C’est le moyen le plus simple pour embrouiller les esprits. Nous n’avons pas vocation à faire de l’argent mais à permettre à plus d’enfants de vivre l’expérience des colos, quelles soient chez nous ou dans d’autres associations. Notre fonctionnement n’est pas un secret d’entreprise mais un outil accessible à tous. Oui il y a des années plus simples que d’autres et on se débrouille comme on peut. Quand on sait que cet organisme sportif rachète des entreprises privées à but lucratif, nous savons très bien leur définition de l’asso de demain.
Des labels pour éteindre nos identités et nos réalités associatives.
Il fallait bien que cela arrive un jour…maintenant pour exister il faut avoir un label pour bien se vendre. Les Alpes Maritimes ont fait emergé un label avec 99 critères (décoration, aménagement, pédagogie, développement durable) pour à la fin avoir une note pour aider les familles à choisir. Pourquoi vouloir toujours donner une note et ne pas juste faire confiance au bouches à oreilles, aux rencontres directes et aux relations simples et pérennes. Commençons déjà par éteindre les répondeurs automatiques et recentrons nous sur la relation. Vitacolo n’a pas de label parce que tant qu’elle le pourra, elle les fuira. Bien sûr qu’on fera tout pour faire les choses bien, mais on a pas besoin d’un label pour le faire.
L’éducation populaire peut elle devenir un “marché” comme un autre?
Vous l’avez bien compris, nous sommes en opposition complète avec cette idée. Et de voir ce qui peut advenir du monde des colos nous inquiète. Alors il est temps pour nous de l’ouvrir un peu plus, parce il est bien possible que si nous ne faisons rien pour toutes ces familles qui croient en nos ambitions, nous ne pourrons bientôt plus se faire entendre.