Doit-on maintenir un type de séjour si son impact écologique est trop important ? Peut-on continuer à partir à l’étranger, à faire du quad, à pratiquer la plongée, à manger des produits carnés tous les jours…
Notre monde est en pleine mutation. Nous avons l’obligation de créer du mieux, et chacun.e d’entre nous doit assumer sa propre responsabilité sociétale face aux enjeux energétiques et écologiques que notre planète nous demande pour continuer à vivre tous ensemble. Et les colonies de vacances ? Comment les organismes de séjours peuvent-ils à leurs échelles répondre à cette ambition ? Doit-on maintenir un type de séjour si son impact écologique est trop important ? Peut-on continuer à partir à l’étranger, à faire du quad, à pratiquer la plongée, à manger des produits carnés tous les jours…
Sans trouver forcèment de réponse, Vitacolo souhaite engager auprès de ses partenaires de l’éducation populaire et des familles qui l’entourent une réflexion sur les sujets, afin de nous amener à rendre ces colonies plus green !
Du scoutisme aux séjours de vacances, nous sommes responsables !
Que nous fassions des séjours en pleine forêt ou en dur, nous faisons face à des questionnements forts sur notre impact, tout en relevant le défi de prix accessibles à tous et à toutes. Le constat que fait Vitacolo de son cas est qu’il y a plusieurs points de travaux à amorcer dès aujourd’hui. L’envie est de montrer que créer des séjours éco-responsables, c’est possible.
Le transport
: en faisant des voyages depuis toutes les grandes villes de France, nous provoquons une pollution par notre activité. Bien que nous faisons le choix du train pour 90% des distances parcourues, que nous ne prenons jamais l’avion et que les gestions horaires sont pensées pour optimiser les cars, nous polluons !
L’alimentation
: “L’économie, c’est l’économât”. Voilà ce qu’on a pu entendre pendant des années dans le monde des vacances. Les marques “Pouce vers le haut” étaient le meilleur ami d’un chef scout, et les premiers prix fournisseurs ceux des cuisines de colos.
<strong>Qu’en est-il de ces gros organismes qui en 2019 font venir chaque jour des barquettes en plastiques de nourriture pour leurs colos, tout cela pour une économie de nourriture et de personnels ?<strong>
La production de déchets :
est-ce que nous produisons plus de déchets que ceux que l’enfant aurait produit en restant chez lui ? Oui, évidemment ! Parce que nous créons des activités avec des bouts de tissus, du papier, de l’aluminium, des gobelets, du cartons, etc…C’est pour la cause nous dira-t-on.
L’energie
: eau, electricité, chauffage l’hiver, etc…Tout cela a un coût evident pour la planète.
Les activités prestataires
: à Vitacolo, nous n’en avons pas mais cela doit forcément avoir un impact !
La grande difficulté pour les organismes et de rester dans l’équilibre entre pratiquer une activité à vocation éducative et dépenser de l’énergie pour cela. De fait partir à l’étranger ouvre l’esprit, permet de vivre de nouvelles expériences de vie…mais à quel prix ?
L’émancipation individuelle est-elle prioritaire aux besoins de la Terre?
Comment la transition energétique peut-elle devenir un facteur positif de mixité sociale ?
Nous voyons dans nos séjours des jeunes qui ont des opinions et des connaissances très différentes sur les questions climatiques. Passant du “jemenfoutisme” total au moralisme radical. L’écoute des opinions nous amène à croire que les jeunes venant de classes moyennes semblent être les moins producteurs de déchets. Parce qu’ils n’ont pas les moyens de la dépense excessive, mais qu’ils ont déjà le droit d’acheter des produits ayant une plus grande conscience environnementale (et un prix souvent plus elevé). Parce que ces commerces écolos sont aussi près de chez eux et rarement en quartiers prioritaires. Depuis quelques années, Vitacolo a ouvert une réflexion sur l’alimentation : favorisation de produits locaux à impacts carbones faibles, mise en place d’un plat végétarien tous les trois jours, achats raisonnés pour limiter le gâchis alimentaire. Et nous faisons face à des jeunes en difficulté avec cela, à des familles qui ne veulent pas de leçons, des refus de se nourrir parfois…Alors nous éduquons, nous ouvrons les temps débats sur le sujet, restons ouvert au dialogue…
Comme tout mouvement de changement, la transition écologique ne sera une réussite que si elle nous embarque tous. Elle n’a pas le droit de laisser des gens de côté. Nous devons à la fois accélerer et accueillir le rythme de tous…Cruel dilemme !
Vitacolo s’engage au changement. Pour des colos de plus en plus respectueuses de l’environnement !
Alors face à cela, Vitacolo souhaite faire le virage maintenant et écrit dans son plan d’orientation 2019-2022 pour la première fois de son histoire une priorité de développement claire : Assumer sa responsabilité sociétale face aux enjeux environnementaux !
Le conseil d’administration a ouvert une commission “Développement durable” née d’une première commission “Alimentation” qui a porté depuis deux ans les toutes premières réflexions sur le sujet. Cette commission a pour mission de trouver une réponse à l’ensemble des problématiques identifiées. Nous avons déjà plusieurs points de réflexions que nous travaillons aujourd’hui :
Favoriser l’achat de fruits et légumes frais, sans emballage. Favoriser la relation de proximité pour les produits carnés et les poissons. Choisir des produits issus en priorité d’un élevage respectueux et d’une pêche préservant le maintien des espèces.
Ouvrir des partenariats pour nos déchets verts, afin de se connecter aux composts des communautés de communes du coin.
Diminuer notre impact carbone sur le transport et la logistique du matériel, en compensant par des actions environnementales équivalentes.
Avoir sous trois ans un siège social (presque) zéro déchet !
Limiter l’utilisation des sites de ventes de masses à impact énergétique important !
N’avoir au final “que et le moins possible” de déchets recyclables à 100%. Sortir le plastique jetable de la pratique animative (et sur les 5ème, on a du boulot :-) )
A notre échelle nous voulons sensibiliser les enfants à ce sujet, en ouvrant des temps débats durant les séjours, en leur proposant d’être acteurs et actrices à nos côtés de ce changement.
Il est temps de remonter les manches, de s’inspirer de ce que font en bien les autres organismes, et de défricher là où nous devrons le faire.
Pour aller plus loin, un peu de lecture :
“Ruralité, nature et environnement - Entre savoirs et imaginaires” sous la dir. de Philippe HAMMAN aux éditions érès
“Pour une éducation buissonnière” de Louis ESPINASSOUS aux éditions Hesse
“Famille (presque) zéro déchet - Ze guide” de Jeremie et Benedicte MORET aux éditions Thierry Souccar