Une france unie...Voilà la message que nous martèle depuis plus le 16 mars un président de la République voulant montrer une Nation plus forte que le COVID-19.
Et voilà que nous observons depuis nos balcons, un bal entre crise sanitaire et crise économique, qui se joue désormais sur un air bien plus grave et embarquant qu’on ne l’imagine… Petite balade musicale ensemble, pour discuter de crise de sens.
Une crise économique qui cache une crise d’identité de nos citoyens !
La récession est à nos portes. Depuis le discours d’Emmanuel Macron ce jeudi 12 Mars 2020, les inscriptions sont en berne à Vitacolo. Alors nous avons réagi et pris le temps de réfléchir. Rassurez-vous cher lecteur, les séjours auront bien lieu cet été… Mais combien serons-nous à partir ? Quels seront les besoins des confinés après 6 à 8 semaines isolés de leurs proches et de cette société de consommation ? Isolés de cette mondialisation et de son tourisme économique et professionnel, qui expliquent à eux deux l’expansion rapide et massive du coronavirus aux quatre coins de la planète.
Les entreprises sont à l’arrêt et le monde associatif vacille, encore une fois. Evidemment, il y a bien plus important à mettre en lumière en ce moment : le combat de nos hôpitaux publics et de nos soignants à domicile, le soutien à nos seniors fragiles qui ne peuvent se déplacer pour aller faire des courses, la fabrication de matériels médicaux…
Mais toute cette crise économique n’est que le reflet de notre crise de sens. L’urgence climatique nous le rappelle sans cesse, mais comme un cancer des poumons qui n’arrivera que dans 20 ans. Là, nous sommes face à deux grandes peurs de notre existence : la peur de la mort et la peur du silence.
Qu’en sera-t-il demain de cette expérience de confinement ? Qu’allons nous
capitaliser
dessus ?
Il est urgent que nous reposions les bases d’une société plus sobre. Sobre dans notre consommation, dans notre industrie mondialisée, dans notre recherche perpétuelle de croissance. Le confinement nous rappelle à quel point l’humain a besoin de l’autre pour communiquer, pour s’accomplir. Cela transpire tous les jours : les applaudissements en bord de fenêtres, les réunions skypes en famille, le téléphone qui sonne et qui fait apparaître une veille connaissance qui “fait le tour des popotes”, les vidéos de chants chorales, Whatsapp et Discord qui explosent.
Nous avons besoin de rencontres, nous avons besoin de vivre ensemble, nous avons envie de vivre plus simplement. Combien d’entre-nous ont-ils simplement eu plus de pensées solidaires depuis le début de cette “expérience sociale” ?
Le Confinement : Une vision apocalyptique de la mixité sociale disparue de notre Nation ?
Il n’y a plus de mixité sociale en France. Et maintenant que nous sommes enfermés à un rayon maximal d’1km de chez nous, cela saute encore plus aux yeux. Le monde rural comme le monde urbain n’est pas socialement divers, l’école ne l’est pas, la famille ne l’est pas. Seul survivant de la mixité dans cette société : le monde associatif quand celui-ci garde son âme de service à tous et qu’il n’est pas embarqué par une nécessité lucrative. Parce que les quartiers nous classent par catégorie, et si vous en doutez, regardez simplement où sont implantés les commerces bio-ecolos aujourd’hui et les commerces qui n’acceptent pas la CB en dessous de 15 €. Demandez à tous ces primo-acquérants parisiens arrivés à Montreuil et se disant que “le marché ressemblait plus à un comptoir de grossistes que celui du 12ème, plus artisanal et bio”.
Mais voilà, quoi de plus chouette comme expérience que de se rappeler que le confinement est “l’opportunité de lire, de se cultiver” comme le suggère notre président.
Le confinement est une expérience qui nous montre avec douleur ce que nous sommes devenus. Les réseaux sociaux s’emballent sur les comptes des villes : “il y a plein de racailles dehors qui ne sont pas verbalisées” “où est la police pour eux ?”, “Ils jouent encore au foot” mais connaissez-vous seulement leurs réalités de vie ? Savez-vous que dans “les quartiers”, il y a selon l’INSEE 2.4 habitants de plus dans un appartement que dans le centre ville, pour une surface de plus inférieure… Plus d’un million de personnes du grand Paris sont partis avant le confinement. Qu’en avez-vous pensé ? Mais avons-nous pensé à leurs conditions de confinement s’ils étaient restés à Paris ? Je ne crois pas que j’aurais tenu 4 semaines dans ma chambre de bonne d’étudiant.
Allons-nous trier les meilleurs confinés de la Nation, pour leur remettre un prix ?
Nous défendons depuis plus de dix ans une mixité sociale plus forte et plus solide dans nos vies. Parce qu’elle nous invite à mieux nous comprendre, à mieux vivre ensemble. Et cela passe évidemment par des expériences collectives comme les colonies de vacances et les centres de loisirs.
Ce confinement nous rappelle nos différences. Comment pourrait-il nous rappeler ce qui nous rassemble. Est-ce le fait d’être isolé qui nous rend unis Monsieur le Président?
Le confinement n’est-il pas, aujourd’hui, le seul point commun que nous partagerons tous demain ? Devons-nous construire nos sociétés sur ses traumatismes ou pouvons-nous espérer à l’avenir bâtir une civilisation sur des expériences communes joyeuses, sobres et vivantes ?