En plein période d'elections régionales, il semble intéressant de raconter notre histoire passionnelle avec ces dernières.
Et oui, pour les organismes de colonies de vacances qui ne sont pas propriétaires de lieux et qui recherchent des espaces pour des grands nombres comme nous, les lycées agricoles (souvent en campagne, avec des parcs importants et des équipements de bonnes qualités pour des séjours) font office de bons candidats à l’accueil.
Et
Vitacolo n’est évidemment pas la seule structure à faire cela…Si bien que les régions poussant leurs lycées à “alléger le coût de gestion des bâtiments” se sont aujourd’hui développées une passion profonde pour l’accueil de groupes les weekends et les vacances, jusqu’à parfois entrer dans le jeu de la concurrence….petite histoire d’éducation populaire cherchant lieu d’interêt général pour vivre ces séjours.
Code des lycées LON et MONT: l’appel du gain
Pendant 6 ans l’association Vitacolo à été accueillie par les lycées agricoles de LON et MONT, gérés par la même équipe. Ces lycées nous ont offert en gestion libre internats, cuisines et refectoires, foyers, salles de classes, gymnases, un centre equestre, une cuisine pédagogique…Grâce à eux nous avons pu développer des colos équitation, restaurant, cabanes et vie dans la Nature, Indiens, monde du Basket, monde du handball, photo, cinéma…
Au fil des années la relation de confiance s’installa entre nous. Mais nous avions un point délicat chaque année : le prix de la location de l’année suivante. 10.50€ par nuit et par personne en gestion libre. 13€h de cheval.
Est-ce que cela est cher? Tout dépend de ce que l’on veut soutenir comme projet associatif et si l’on veut soutenir.
Pour une colo de deux semaines à 750€ en moyenne à Vitacolo plein tarif, il faut retirer d’office 136€ d’hebergement, 208€ pour l’équitation. Nos animateurs, cuisiniers, personnels techniques, qui ne paient pas les séjours, sont logés à la même enseigne, donc le prix de leur hebergement impacte le prix des colos directement.
Sur une saison de 6 semaines, la facture d’hebergement pouvait s’elever à 32000€ + 15000€ pour le cheval. Nous avons demandé l’accès au gymnase et au mur d’escalade : 1000€semaine. Nous avons demandé si nous pouvions utiliser 4 jours deux minibus en proposant un tarif à 90€ par jour et paiement franchise si dégat. Nous avons eu une proposition à 150€ par jour avec notre propre assurance.
chaque année le lycée demandera une augmentation des tarifications, que nous devions directement impactée sur les prix colos car nous n’avons pas de marge de manoeuvre.
Pour chaque départ en colonie de vacance, Vitacolo ressort 30€ de bénéfice (quand on a assez d’inscrits), permettant d’investir et de développer notre activité…
En 2018, rincés par une tarification étoufante, nous décidons de quitter la Franche-Comté. La directrice fraichement arrivée nous appelle pour comprendre. Elle découvre alors que les gestionnaires avaient une envie de lucrativité importante et que cela ne marche pas avec un organisme qui vise la mixité sociale comme Vitacolo. Elle tombe alors de haut.
P et SLSL : une histoire en deux temps
En 2015, nous terminons notre saison au lycée agricole de P. Un superbe lycée qui nous aura permis de développer notamment les séjours football, manga, comédie musicale, théâtre…
En Septembre, le directeur de P nous appelle pour nous dire qu’il a été muté à SLSL et que son nouveau lycée est bien mieux que P. Nous avons l’habitude de faire “le tour des popotes” en Septembre-Octobre afin de rencontrer les directeurs et gestionnaires de lycées et faire un bilan avec eux de la saison. Nous partons en road-trip depuis Lyon direction le sud-ouest d’abord pour rencontrer la nouvelle direction.
Une directrice qui a eu par le passé de mauvaises expériences de colos et qui n’est pas enthousiaste à l’idée de nous accueillir. Mais elle est prête à l’accepter “si nous montons notre proposition tarifaire à 35000€ (au lieu de 28)”.
C’est beau de voir les gens avoir foi en l’éducation populaire non?
Le soir même nous dormons au lycée de SLSL que nous visiterons le lendemain. Le directeur sait pertinemment ce que nous payons à P et identifie que son nouveau lycée “a de meilleurs atouts” que le précédent. Le problème c’est que ce dernier nous coute plus cher en SNCF et car pour faire venir des jeunes de toute la France. Nous tombons d’accord pour 28 000€ forfaitaire plus une part variable si nous dépassons le seuil de 270 jeunes accueillis.
Les saisons passent et le directeur demande des augmentations annuelles, en lien avec le taux d’inflation…On se retrouve donc en 2018 avec une facture à 30 000€.
En 2020 l’année de COVID nous oblige à resserrer les lieux pour aniticiper une possible catastrophe. Nous ne sommes pas élligibles au PGE et n’avons pas de soutien financier public. Nous n’avons pas assez d’inscrits début Juin. Nous devons donc nous séparer d’un lieu et nous prenons le moins rempli et le plus couteux. SLSL n’accueillera pas de séjour.
C’est une grande colère pour le directeur car il perd alors une partie de son budget de gestionnaire…d’un lycée public.
Il ne nous le pardonnera pas. Il attendra Juin 2021 pour nous annoncer qu’il ne fera pas équipe avec nous mais préférera un autre organisme plus gros…Alors que nous étions en bon terme depuis lors. Depuis quand le savait-il? Depuis quand ne voulait-il plus de nous?
Les conseils régionaux, 1er responsables de cette course à la rentabilité.
Les régions sont gestionnaires des lycées. En recherche d’encaissement, elles ont vu dans ces lieux l’opportunité d’accueillir des publics et mettre ainsi en place un service de location des équipements.
Les lycées que nous louons ont donc une habitude de cela. Ils recrutent même des personnes dont une grande partie de la charge de travail est l’accueil de groupe. Mariages, séminaires, réunions, cousinades, rassemblements associatifs, stages, colonies de vacances…tout y passe.
Et évidemment les régions imposent cela en donnant des bons points aux bons gestionnaires. Et elles se rincent le gosier en prenant un pourcentage de chaque location. 40% en moyenne dans les régions, faisant ainsi gonfler le prix artificiellement des mises à disposition.
En 12 ans, Vitacolo a versé plus de 1.2 millions d’euros de loyer aux lycées soit plus de 480 000€ directement pour les régions. En multilpliant cela par le nombre d’organismes de colonies de vacances qui font de même, puis par toutes les autres mises à disposition, on imagine très facilement la mane financière entrante dans les caisses d’une région.
Dans le lycée de D où nous sommes également, nous n’avons pas eu d’autres choix que d’accueillir une colocation avec une autre organisation en même temps que nous, alors que nous accueillons des mineurs…“vous comprenez il faut que cela me rapporte”.
Non,désolé, on ne comprends pas.
Heureusement nous avons de belles histoires avec des gestionnaires bienveillants et portant avec nous l’ambition d’une éducation populaire offrant des vacances pour tous, par tous, avec tous et toutes ! Merci à eux :-) à ces régions qui permettent encore la réussite de ces projets.