Le Service National Universel peut il construire les citoyens de demain?

A Vitacolo, nous sommes pas mal interpellés pour donner notre opinion ou partager nos réflexions sur le sujet. Alors on voulait aussi faire le point avec vous sur tout cela et vous en dire un peu plus.
Dans le monde des colonies de vacances de Vitacolo et de l’éducation populaire militante, on passe beaucoup de temps à construire des pédagogies pour répondre à la construction de la personnalité. Pour devenir capable de réfléchir par soi-même et de prendre goût au vivre ensemble et à la collectivité. Depuis plus de deux ans, l’Etat fait le constat d’échec de sa politique jeunesse et souhaiterait voir un engagement plus fort envers les valeurs républicaines, de la part de tous les mineurs de notre pays. Le Service National Universel va donc voir le jour et ses premiers essais au 1er Janvier 2019 pour un “déploiement” pour la génération 2022-2025. A Vitacolo, nous sommes pas mal interpellés pour donner notre opinion ou partager nos réflexions sur le sujet. Alors on voulait aussi faire le point avec vous sur tout cela et vous en dire un peu plus.

Le Service National universel : de l’armée aux associations

Le service national universeil
Au revoir le service militaire disparu il y a une génération de chez nous. Le constat que fait le gouvernement est simple, il n’y a pas de structures et d’expériences collectives en France permettant :

l’implication de la jeunesse française dans la vie de la Nation

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la prise conscience des enjeux de la défense et de la sécurité nationale

de développer la culture de l’engagement.

L’enjeu est donc qu’au travers de l’école via l’ensemble des cours d’éducation citoyenne, l’enfance et l’adolescence françaises soient sensibilisées à ces enjeux pour qu’à seize ans, chacun et chacun.e soit dans l’obligation de participer à un “stage” d’un mois puis de manière volontaire à une expérience d’au moins trois mois, répondant aux enjeux de défense et de sécurité, d’aides à la personne, actions de préservation du patrimoine ou de l’environnement ou encore de toutes formes de tutorats. Aussi le monde associatif pourra dans ce cadre servir de support à cette expérience, notamment en intégrant la démarche des “services civiques” dans ce processus de construction citoyenne.
D’après les chiffres de la presse et du gouvernement, ce dispositif à terme concernera 800 000 jeunes par an pour un investissement de 15 milliards d’euros en mis aux normes des infrastructures du dispositif obligatoire, et d’un coût de fonctionnement allant de 1.5 à 3 milliards d’euros par an.

Le bal des ignorants du nouveau monde

A Vitacolo, une question nous taraude sur ce sujet depuis quelques temps : pourquoi dépenser 15 Milliards d’euros et ensuite 3 milliards d’euros chaque année alors que depuis plusieurs années le monde associatif se réduit comme peau de chagrin par la disparition des soutiens de l’Etat et des communes?
Parce que à Vitacolo, de part notre engagement citoyen et notre projet éducatif, nous répondons déjà aux objectifs du service national universel.

Parce qu’elles sont des milliers ces associations sur le terrain à oeuvrer chaque jour à la construction d’une jeunesse ouverte aux générations, capable de prendre ses décisions, d’expérimenter le collectif, de s’épanouir avec les autres, de comprendre la Nature, etc…

L’Etat va dépenser des milliards d’euros sur un nouveau projet alors qu’il pourrait soutenir l’existant et renforcer les structures qui se battent aux quotidiens pour la jeunesse. Alors s’engager? Mais s’engager Pour qui? Pour quoi?
Nous rencontrons chaque semaine des associations qui n’en peuvent plus et qui s’engagent pour cette jeunesse. Nous voyons chaque année des organismes obligés de plier le genoux pour obtenir de la part d’une entreprise privée un mécénat, un don pour remplacer l’engagement de l’Etat à leurs côté.s
Le SNU résonne finalement comme une punition de l’Etat : mieux vaut guérir que prévenir !

Sois fière Jeunesse, on t’aime !

jeunessejeunesse
Alors on en a marre des discours polissés, des regards critiques sur cette jeunesse qui ne s’engage pas, qui ne sait rien faire de ses dix doigts. On a envie que l’Etat comprenne que nous sommes là et qu’ils nous a retiré nos bras pour soutenir la jeunesse et l’aider à être aussi belle qu’elle peut le devenir. On nous a fait arrêter de croire en notre jeunesse, et par ce biais en notre avenir.
Mais c’est Elle qui demain se lèvera pour relever les défis écologiques d’aujourd’hui. C’est Elle qui verra le monde se métamorphoser, c’est Elle qui devra assumer les bêtises consumeristes et suicidaires de la génération qui veut aujourd’hui la parquer dans un service monolithique et cloisonnant.

Laissez lui sa liberté, donner lui de l’air et de l’espoir. Le reste elle saura faire. Et nous veillerons à cela, quelques soient les chemins qu’elle prenne pour rendre ce monde plus grand!