Un dernier plaidoyer

Au long de ses 16 années d’existence, l’association a lutté contre les conjonctures.
Supprimer les aides au départ, ne plus financer les animateur·ices référent·es pour les jeunes en situation de handicap, brader la mixité sociale, fournir un matériel de mauvaise qualité, réduire le taux d’encadrement, conserver uniquement des séjours bénéficiaires, augmenter le tarif de nos séjours et formations BAFA : tels étaient les derniers leviers disponibles pour poursuivre la consolidation de notre modèle économique. Tout cela, nous le refusons. Au regard de nos valeurs, de notre engagement, de la qualité des séjours que nous souhaitons fournir aux enfants, nous ne voulons pas entrer dans cette nouvelle dynamique. Aussi, face aux difficultés économiques que l’association rencontre depuis plusieurs années, à l’indispensable augmentation des salaires des équipes d’animation mise en application par le gouvernement et en l’absence de politiques publiques de soutien aux petites associations militantes, nous, administrateur·ice de Vitacolo, soutenu·es par l’équipe de salarié·es permanent·es, faisons le choix de cesser notre activité. Ce choix se fait au nom des valeurs qui nous animent.
Au long de ses 16 années d’existence, l’association a lutté contre les conjonctures pour permettre à plus de 10 000 enfants de partir en vacances à des prix abordables. Le modèle économique choisi ne reposait sur aucune subvention : les colos paient pour les colos. Chaque année, Vitacolo allouait une enveloppe de 20 000€ d’aides pour permettre aux familles qui en avaient besoin de financer leur séjour. Toutefois, à plusieurs reprises, le modèle économique n’a pas permis de dégager d’excédent, ce qui a conduit à des difficultés de trésorerie importantes. C’est ainsi qu’en 2018, Vitacolo affronte la cessation des paiements et propose un plan de redressement judiciaire sur dix ans. Aujourd’hui, avant d’accentuer davantage les difficultés dans lesquelles nous nous trouvons, nous faisons le choix de cesser notre activité. Ce choix se fait au nom des valeurs qui nous animent.
En privilégiant les appels à projet au lieu d’encourager les initiatives citoyennes, en ciblant la politique jeunesse sur la mise en oeuvre illusoire du Service national universel, et bien qu’octroyant des crédits de soutien aux familles ces dernières années (Colos apprenantes et Pass colo), les responsables politiques ont oublié l’appui direct aux acteurs de terrain militants, qui portaient déjà depuis plusieurs années des actions concrètes en faveur de l’apprentissage, de l’engagement, de l’émancipation citoyenne et des valeurs de la République. Face à ce manque d’opportunités de soutien, nous faisons le choix de cesser notre activité, au nom des valeurs qui nous animent.
Nous ne pouvions que nous réjouir de la proposition du comité de filière de revaloriser les indemnités de nos équipes saisonnières. En revanche, il est clair que si nous avions pu le faire plus tôt, nous n’aurions pas attendu. Le 4 décembre 2024, le gouvernement s’est saisi de cette proposition et fait le choix de la mettre en oeuvre sans mobiliser de contreparties qui nous permettraient de la financer. Cette réévaluation des indemnités des animateur·ices en contrat d’engagement éducatif représente pour Vitacolo une charge supplémentaire de 80 000€ chaque année, soit 10% de notre chiffre d’affaires. Par cette mesure de soutien à l’emploi dans la filière animation, ce sont aujourd’hui 11 équivalents temps plein qui disparaissent à Vitacolo.
Vitacolo, c’est la somme de tous·tes celles et ceux qui la composent, mais la solidarité, l’entraide, le partage, l’inclusion, le bénévolat, le vivre-ensemble, la liberté et l’égalité que l’on y a trouvés vivront au travers de chaque personne qui a croisé le chemin de l’association.
L’important n’est pas la destination, mais le chemin que l’on a parcouru tous ensemble.