Après avoir pris le temps de vous raconter l’
histoire de Vitacolo, il nous semble important de vous parler de cette fameuse “éducation populaire”, notion un peu valise qui rassemble plusieurs organisations possibles.
Les origines de l’éducation populaire
Les origines de l’éducation populaire divergent un peu, mais cela remonte globalement aux premiers combats sociaux marquants la naissance d’une ambition de rendre le peuple libre et donc cultivé et sachant. L’idée était d’offrir une éducation par le peuple pour le peuple et non de dépendre pour cela d’une élite qui contrôlerait la culture et l’orienterait pour que le peuple reste à son service.
On trouve donc dans les mouvements ouvriers et révolutionnaires des prémices de cette volonté éducative. Le syndicalisme en est une empreinte encore aujourd’hui bien que les gouvernements n’ont fait que de vouloir les éteindre…
Pour éduquer différemment, donc pour rendre libre et faire grandir, une multitude de propositions sont apparues au cours du 19 et 20ème siècle et (à l’instar de l’Église qui organisait déjà des séjours pour enfant) le parti communiste a commencé a proposer des séjours où l’on apprenait les valeurs du vivre-ensemble, du droit à l’expression libre, de la découverte de nouveaux domaines intellectuels, culturels, etc…
Le scoutisme fait son apparition dans ces entre-veines là en 1907 avec l’ambition de construire “des citoyens actifs, heureux, utiles et artisans de paix”.
Après la guerre de 45, il y eut un sentiment d’incompréhension quant à l’éducation de cette génération européenne qui pouvait croire que l’extrémisme et la fanatisme nazi étaient une solution, même chez les élites. Une poignée de résistants et de militants de l’éducation ont construit l’éducation politique pour la jeunesse (17-30 ans) qui deviendra ensuite éducation populaire. L’ambition était d’assumer de former des personnes éduquées et libres, et comprendre ce qui construisait une société ouverte et juste.
Mais ils n’en ont pas voulu. La peur probable de révolution approchante (68) a vite éteint le feu des ambitions éducatives libertaires et égalitaires.
Aujourd’hui l’éducation populaire dépend du ministère de l’éducation nationale. C’est un combat de longue lutte pour la reconnaissance de cette éducation parallèle.
Les trois cercles éducatifs et le cercle de l’éduc Pop
On peut considérer un individu et ce qui l’entoure. Nous pouvons schématiser sur son éducation par trois cercles de plus en plus proches de lui.
Le premier cercle : l’éducation obligatoire
En France, c’est assez simple. Il y a une obligation pour la famille d’éduquer les enfants et d’aller à l’école. La famille et l’école forment donc le cercle premier autour de l’individu. Si la famille n’est plus, l’État se porte garant de jouer ce rôle ou de le confier à un tiers (adoption, familles d’accueils, foyers socio-éducatifs, aide sociale à l’enfance…).
Le deuxième cercle : l’éducation populaire
Ce sont toutes les activités que les acteurs du premier cercle vont choisir pour l’individu, parce qu’elles seront complémentaires des besoins identifiés par ces derniers. En fonction des affinités des familles on aura tout un lot d’activités diverses et variées : clubs de sports, clubs d’échec, colonies de vacances, scoutisme, centres aérés, clubs de théâtre, etc…
Toute la difficulté est de bien choisir et de ne pas se faire avoir. Par exemple le gouvernement a décidé de rendre très ouvert le marché des colonies de vacances. On se retrouve donc avec des organismes ayant des ambitions éducatives fortes pour répondre à cette attente des familles, comme Vitacolo, EvaSoleil, la bidouillerie, la maison de Courcelles, les 400 coups, etc…et des entreprises privées qui utilisent ce prétexte éducatif pour faire de l’argent. Alors Attention !
Le troisième cercle : les rencontres du hasard
C’est un peu les rencontres hasardeuses qu’on va faire dans la cour de récréation, dans la rue, en colonies, etc…bonnes ou mauvaises d’ailleurs. Elles ont un impact énorme sur la vie et il ne faut pas les négliger. Soyez attentifs à ce que vos enfants peuvent vous raconter cela pourra changer leur vie.
“Un peu comme la prof d’anglais en séjour linguistique”
Dernière image qui peut vous permettre de comprendre la démarche pédagogique de l’éducation populaire. Prenons l’exemple d’une prof d’anglais dans sa salle de classe. Lorsque les élèves rentrent, tout le décor donne le cadre et le contexte de l’éducation scolaire : une salle avec quatre murs, des jeunes en position assise et un prof debout, un tableau etc…L’obligation de parler en anglais s’impose par le cours et la prof. Ainsi l’enseignant est en face des élèves et donne le rythme, c’est la seule chose qui impose que l’on parle anglais dans cette pièce.
Prenez cette même professeure qui aura organisé une classe découverte à Londres. Et bien cette fois-ci ce n’est plus elle qui impose de parler anglais, c’est le monde qui entoure les élèves. La prof est donc à ce moment un soutien pour aider à comprendre, pour donner du vocabulaire, pour encourager et valoriser les initiatives de prise de paroles, etc.
L’éducation populaire, c’est un peu comme la prof d’anglais en séjour linguistique, c’est une éducation en plein cœur de la vie, où l’adulte est au service du jeune pour l’aider à s’émanciper.