L'histoire des colonies de vacances, le commencement, aujourd'hui et après qu'est-ce qu'elles vont devenir ?
Quelle est l’origine des colos ? A quoi ressemblaient-elles il y a 30, 50 ou 70 ans ? Comment les enjeux éducatifs ont-ils évolué ? En dehors de l’
histoire de Vitacolo en elle même, il est important de comprendre pourquoi une telle idée nous est parvenue.
Les colos sont-elles “franco-françaises” ?
Réponse : eh bien non ! C’est chez nos voisins suisses qu’ont eu lieu les premières colonies de vacances de l’histoire, à la fin du dix-neuvième siècle. A l’origine, c’est un pasteur, Hermann Walter Bion, qui a l’idée d’emmener un groupe de jeunes garçons et de jeunes filles à la campagne durant quelques jours. L’objectif : les extraire de leur milieu social défavorisé et leur offrir un cadre de vie sain durant quelques jours. Cette idée fait rapidement son chemin hors de Suisse. Des expériences similaires se développent dans d’autres pays d’Europe, notamment en Angleterre où Lord Baden-Powell fonde en 1907 le mouvement des Boys Scouts… qui se développe en France à partir de 1920 avec la création des Scouts de France. Et depuis la révolution française et la révolution industrielle, la classe ouvrière cherche à pouvoir prendre en main l’éducation de ses jeunes afin d’assurer une culture de liberté, non orientée par les classes bourgeoises et leur besoin d’assouvissement. C’est dans cette ambition que l’éducation politique puis populaire verra le jour et dans laquelle les mouvements de jeunesses s’imbriquent complètement.
L’idée globale reste souvent de s’adresser pendant l’été ou les vacances scolaires à des enfants issus de milieux défavorisés, en vue d’améliorer leur santé et leurs conditions physiques. De facto, les colos françaises sont, à l’origine, souvent organisées par des mouvements religieux ou ouvriers. Elles peuvent également être mises en place par des instituteurs, dans le cadre d’un prolongement de l’école.
Des enjeux sanitaires aux enjeux éducatifs
La France, après la première Guerre Mondiale, compte déjà plusieurs dizaines de milliers de colons chaque année. Peu à peu, les colos se structurent autour d’enjeux sanitaires et nutritionnels : les enfants doivent recevoir de la viande plusieurs fois par semaine, participer aux travaux ménagers afin de vivre dans des lieux sains, être au grand air le plus souvent possible, dormir suffisamment… Avec l’augmentation du nombre de colons, d’autres enjeux émergent, en particulier éducatifs. La colo n’est plus seulement un lieu permettant d’agir sur la santé de l’enfant, mais aussi l’occasion de transmettre au jeune un savoir et des valeurs. Par ailleurs, après la seconde mondiale,les colonies de vacances prennent une nouvelle tournure…D’une part, il s’agit d’agir pour les enfants des victimes de guerre. D’autre part, on insiste désormais sur la nécessité de professionnaliser les encadrants, très souvent bénévoles. C’est notamment dans ce cadre qu’apparaît le mouvement des CEMEA (Centre d’entraînement aux méthodes d’éducation active), qui propose des formations pour les animateurs et les directeurs. Le BAFA (Brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur) et le BAFD (Brevet d’aptitude aux fonctions de directeur) sont créés en 1973.
<br>Des colos pour accéder aux loisirs
D’autres évolutions majeures suivent… D’une part, les comités d’entreprise se mettent à proposer des colonies de vacances aux enfants de leurs salariés (on a tous une connaissance qui a travaillé pour les fameuses colos de la SNCF… ou pour celles de la Banque de France qui étaient, paraît-il, très bien payées…).D’autre part, les enjeux changent peu à peu. Les questions sanitaires étant désormais moins prégnantes avec l’embellie économique, on cherche désormais à rendre certains loisirs ou certains lieux accessibles aux classes populaires. C’est l’époque des colos au ski et à la mer, souvent vécues par nos parents… ou racontées avec humour par René Goscinny dans Le Petit Nicolas.
A voir aussi sur le sujet : <a href=“http:www.retro-colo.fr” target=““_blank””>le site rétro-colo, qui raconte l’histoire des colos !<a>
Et les colos d’aujourd’hui ?
<br>Une multitude d’organismes
Du fait de cette histoire, le monde des colonies de vacances et des accueils collectifs de mineur (ACM) est aujourd’hui particulièrement vaste. Des centaines d’organismes de toutes les tailles existent et proposent des séjours de vacances autour d’objectifs très variés. Les entreprises ne s’y sont d’ailleurs pas trompées et se sont installées dans ce marché très lucratif, souvent en “surfant” sur les activités à la mode (combien de fois nous a-t-on demandé une colo moto, une colo avec des animaux, une colo chiens de traîneau…). Dans ce vaste monde, les vieux loups de mer de l’animation (Scouts, Francas…) cohabitent désormais avec des organismes “louveteaux”, nouveaux venus dans l’univers des séjours de vacances, qui s’efforcent de proposer des activités ou des projets éducatifs originaux. De plus en plus, les parents insistent sur une grande qualité de prise en charge. Ils sont aussi très regardants sur l’encadrement, l’alimentation, la durée du séjour, la communication de l’organisme pendant la colo…
<br>De l’inclusion du handicap au CEE : de nouveaux enjeux pour les colos
De plus en plus, la question de l’inclusion du handicap se pose au sein des organismes (qu’il s’agisse d’ailleurs d’intégrer des enfants ou bien des encadrants en situation de handicap). Parallèlement, de nouveaux enjeux apparaissent. Ainsi, la montée en gamme des colonies de vacances s’est accompagnée d’une hausse significative de leur coût, excluant de facto de nombreux enfants issus des classes défavorisées, mais aussi et surtout des classes moyennes. Enfin, des questions légales se posent. Ainsi, le Contrat d’engagement éducatif (CEE), que signent les animateurs et les directeurs de colo et qui se distingue d’un contrat de travail classique, s’est récemment trouvé sous le feu des institutions européennes. Sa mise en oeuvre relève parfois d’un joyeux flou artistique, ce qui laisse présager des évolutions sur les conditions de travail des encadrants de colonie de vacances.
A quoi ressemblera une colo dans le futur ?
Difficile de répondre à cette question… Les colos de l’avenir seront sans doute, comme celles d’aujourd’hui, très diverses et sans doute même davantage. Les dernières années ont vu une véritable explosion des thématiques et des projets. Les organismes rivalisent d’ingéniosité et d’imagination pour séduire les enfants et les familles. Le piège serait, selon Vitacolo, d’aller vers un modèle composé uniquement de colos “haut de gamme”, ouvertes de facto seulement aux plus aisés. Les séjours de vacances, à l’image de l’ école, doivent être en quelque sorte une préparation à la vie de citoyen, et donc intégrer une dimension de mixité sociale. “L’entre-soi” n’est pas souhaitable. Dans ce cadre, il est nécessaire de continuer à faire en sorte que chaque catégorie socio-professionnelle de la population puisse avoir accès aux colos : des plus riches aux plus modestes… sans oublier les classes moyennes, souvent exclues comme on l’a vu plus haut. Un autre piège serait de considérer la colo du futur uniquement comme un “produit” que l’on vend comme n’importe quel autre. Car une bonne colo, c’est peut-être tout simplement une colo où l’on ne fait pas table rase des valeurs de transmission et d’éducation.