Que recherchent les ados sur Youtube ?

Vitacolo propose de nombreux séjours audiovisuels autour de la création de court métrage, de dessin animé… Depuis 2018 nous vous proposons la colo “Youtuber en herbe”. Essayons ensemble de comprendre l’engouement de cette plateforme !

On ne paraphrasera pas les innombrables articles qui ambitionnent de livrer une analyse du sujet. A Vitacolo, nous accueillons un millier de jeunes en colo tous les ans depuis une dizaine d’années, et nous avons vu évoluer la place d’internet, des réseaux sociaux et des smartphones dans leur vie.

Alors voici selon nous ce que recherchent nos ados sur youtube, et pourquoi en tant qu’organisme d’éducation populaire, nous faisons le choix prendre en compte cette nouvelle réalité et l’inclure à notre projet éducatif.

Il y a des choses qui rendent Youtube très différents de la télévision. Pour autant, on peut parfois aller chercher sur Youtube ce qu’on trouvait sur le bon vieux tube cathodique. On peut regarder un vlog, un sketch ou une compilation sur internet comme on peut regarder un JT, un feuilleton ou une émission de divertissement à la télévision : pour se divertir, penser à autre chose, échapper à son quotidien, s’évader. L’évasion est un besoin pour la plupart d’entre nous. Nos quotidiens ne sont pas toujours aussi riches, épanouissants et plein d’aventures que nous pouvons le souhaiter, et on peut consommer des images pour prendre une bouffée d’air, oublier un peu le bac ou les soucis à la maison. Nous faisons le constat que pour certains jeunes, évasion peut rimer avec refuge, et c’est à ce moment que nous jouons notre rôle de membre de la communauté éducative : dans les colos Vita, tous les jeunes prennent part activement à un projet autour d’une passion partagée. C’est une façon d’apprendre à devenir plus autonome et plus actif et dans sa vie quotidienne et ses passions.

Les adolescents sont en pleine construction de leur identité. Ils adoptent des modèles, des cultures, en rejettent d’autres, puis changent d’avis. Ce sont des étapes incontournables qui font des jeunes d’avides explorateurs culturels et sociaux.En mettant en valeur des personnalités accessibles et auxquels les jeunes s’identifient plus facilement qu’aux super-stars du cinéma ou du top 50, Youtube propose une nouvelle façon de construire son identité. Beaucoup de jeunes préfèrent l’humour potache de Norman ou Cyprien en tête à tête aux stades remplis par Jean-Marie Bigard, les reprises acoustiques de LEJ aux immenses shows de Michael Jackson.Youtube vient aussi avec ses sous-cultures, ultra spécialisées. Des écosystèmes de vidéastes se créent autour du jeu vidéo, de la mode, du “lifestyle”, du sport, de l’humour ou de la vulgarisation scientifique. Les “abonnés” communiquent entre eux et avec le créateur, n’hésitant pas à laisser des commentaires tantôt dithyrambiques, tantôt acerbes. Cette polarisation des opinions dans les commentaires est symptomatique d’une évolution culturelle vers une société ou la capacité à juger d’une situation avec nuance n’est plus une valeur centrale.Dans le même registre, le phénomène du “trolling” pose également plein de questions : quand on pratique la polémique ou carrément l’insulte juste pour provoquer des réactions et se moquer des autres, on participe sans forcément s’en rendre compte à un climat d’indifférence et de violence (qui n’est pas exclusif à internet, soit dit en passant). A travers des temps d’échanges et de débat qui ponctuent la plupart de nos colos, nous donnons l’occasion aux jeunes d’apprendre à parler de ce qu’ils regardent pour prendre un peu de recul. Cet échange en face à face incite à présenter ses opinions avec plus de nuance, et d’accepter ceux des autres avec plus de souplesse. A travers ces échanges, ils apprennent également à identifier les enjeux et les relations économico-médiatiques parfois complexes qui animent Youtube et ses communautés.

Internet et les réseaux sociaux, dont Youtube, ont modifié considérablement notre rapport au monde. Quand vous grandissiez dans une petite ville de province dans les années 90, et que vous aviez une passion, si il n’y avait pas d’association dans le coin, il était très difficile de rencontrer d’autres personnes avec qui échanger. L’abonnement à des revues spécialisées était cher, le matériel aussi, les ressources, les conseils, tout était compliqué. Pour vivre sa passion pour la vidéo ou les jeux de rôles avant l’avènement d’internet, il fallait souvent investir beaucoup de temps etou d’argent et la plupart du temps, on le faisait seul. Aujourd’hui, les connaissances et les expériences du monde entier sont à la portée de tout le monde. Vous êtes passionné d’aquariophilie ou de sculpture sur glace mais il n’y a personne autour de vous qui partagent ces centres d’intérêt ? Tout va bien : des millions d’heures de vidéos, des milliers de pages et des centaines de groupes de discussion vous attendent sur internet. Youtube et les autres plateformes de partage vidéo, en permettant la diffusion gratuite de contenus vidéos, a joué le rôle de catalyseur dans cette révolution de l’information. Il y a un ou plusieurs tutoriels vidéos pour virtuellement n’importe quoi.Vitacolo propose aux jeunes d’être actifs et d’apprendre à produire et à partager leurs propres contenus avec des projets de colos autour de la vidéo.